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Cœur Mu
Cher journal cette année
j'ai dégivré mon cœur
Un carpaccio de veau
branché sur le secteur
j'ai dégivré mon cœur
Un carpaccio de veau
branché sur le secteur
De la viande palpitante
dévidée en tranches
qui claquent au vent
dévidée en tranches
qui claquent au vent
Je l'ai déployé sur des mètres carrés
exposé aux tempêtes
Un grand cœur ondoyant
tendu vers les conquêtes
exposé aux tempêtes
Un grand cœur ondoyant
tendu vers les conquêtes
Mon grand vieux cœur tanné
par les vents et marées
Je l’ai roulé serré
pendant l’hiver passé
il était en sommeil
Il avait ses raisons
battues et rebattues
Il avait ses raisons
battues et rebattues
Cher journal cette année
mon cœur s’est enfin mu
Mer forte grossissant
en cas de coup de vent
Je plie très doucement
la viande qui s’envole
mon cœur s’est enfin mu
Mer forte grossissant
en cas de coup de vent
Je plie très doucement
la viande qui s’envole
Sa toile dépliée
comme une parabole
La viande de mon cœur
a capté les reflux
comme une parabole
La viande de mon cœur
a capté les reflux
Et ma chair étirée a capté les programmes
dans sa toile tendue
Cher journal cette année
La viande s’est émue
La viande s’est dépliée la viande a voyagé
Continent qui s'exhume
Mon cœur s'est enfin mu
dans sa toile tendue
Cher journal cette année
La viande s’est émue
La viande s’est dépliée la viande a voyagé
Continent qui s'exhume
Mon cœur s'est enfin mu
Posé sur un radeau
tout habillé de plumes
Guidé par la polaire
et blanchi par la lune
tout habillé de plumes
Guidé par la polaire
et blanchi par la lune
Continent qui s’exhume
Mon cœur
c’est enfin Mu
Mon cœur
c’est enfin Mu
μ
Image Hugo Pratt, Corto Maltese, Mu
© Julie Alb., Chansons pour mes Dieux minuscules
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